LES PONTS
L’ Ardèche est un département atypique du point de vue de ses communications qui enjambent les divers torrents qui la composent. N’a-t-on pas l’habitude de l’appeler « le département aux 2200 ponts » ?
La commune de Pont-de-Labeaume n’échappe à cette règle. Ce ne sont pas moins de six ponts qui composent son territoire. Sans faire un inventaire exhaustif, les trois principaux peuvent être cités :
- Le pont dans le village : celui-ci fut édifié entre 1725 et 1735 afin de desservir le hameau de Nieigles. Il est composé de 4 arches qui surplombent de 15 m les eaux de la rivière Ardèche. La terrible crue de 1857 détruisit la 4ème arche coté village qui fut reconstruite en bois, jusqu’en 1890 où la crue du 22 septembre 1890 fit de même. C’est en 1892 qu’il sera reconstruit en partie dans sa forme actuelle.
- Le pont de Rolandy : s’inscrivant dans la construction de la grande route Auvergne-Languedoc, le pont de Rolandy date de 1762. Ce pont fut, plusieurs fois détruit par les terribles crues de l’Ardèche. Le pont originel se composait de 3 arches de 15 m d’ouverture.
La grande crue de 1857 détruisit ce pont dans son intégralité ; dans l’urgence, on lui substitua un pont en bois de type américain qui ne résista pas plus à la crue de 1859. Il fut alors décidé de construire un pont en fer avec une ouverture plus importante, c’est une société de la Loire qui fut chargé de livrer ce pont en 1867. Celui-ci ne résista pas plus que ses prédécesseurs à la crue du 22 septembre 1890 et fut reconstruit en 1892 dans sa forme actuelle.
- La passerelle de Bayzan : nous ne connaissons pas la date de l’édification de ce pont, cependant en 1772, un acte de vente fait état de ce pont dit Pont Paille car il servait de passage pour alimenter une papeterie fabricant du papier paille. La crue du 22 septembre 1890 détruisit le pont ainsi que les bâtiments de la papeterie. A la suite de cela, le pont fut reconstruit dans sa forme actuelle et, en 1938, il fut l’objet d’un don à la commune par les propriétaires d’alors qui n’en avaient plus l’utilité.
LE PONT ROMAIN
Sur la rivière Lignon qui prend sa source sur le Tanargue, au niveau du hameau de Réjus, se dressent deux ponts pour relier les communes de Pont-De-Labeaume et de Meyras.
En contrebas de pont routier actuel se situe le pont dit Romain. Il était censé desservir les voies romaines de Gergovie et d’Aquitaine comme le montrent les photos ci-après.
Ce qui est certain, c’est qu’une voie romaine était bien présente sur les lieux ainsi qu’ en atteste la borne milliaire retrouvée dans les années 1880 et qui se trouve actuellement devant l’église du village.
Cette borne dédiée à l’empereur romain Constantin II porte l’inscription suivante : « A l’empereur César Flavius Valerius Constantin, pieux Nobilissime César, fils du Divin Constantin Auguste né par le bien de l’état ».
L’EGLISE DE NIEIGLES
L’église de Nieigles remonte très probablement au Xème siècle. Selon quelques écrits, le prieuré de Nieigles remonte à Guy D’Anjou, évêque du Puy de 975 à 996.
Le prieuré de Nieigles aurait fait don à Notre Dame du Puy d’une « Fascia Vinéa » situé dans la villa Nido Aquilino .
En l’an 1164, l’église Sainte Marie de Nieigles est confirmée au chapitre des évêques du Puy, par une bulle du Pape Alexandre III.
Cette possession est à nouveau confirmée en 1267 par une bulle du pape Clément IV, ancien évêque du Puy.
L’église de Nieigles possède un clocher de forme massive, édifié au XVIIème siècle. Après plusieurs décennies de restauration, elle mérite une visite, car ce joyau fait partie intégrante du circuit des églises romanes.
LES TERRASSES : UNE IMAGE DE L’ARDECHE
Les paysages de terrasses sont un caractère de l’Ardèche.
On peut les rencontrer un peu partout dans le département, de la Cévenne aux Boutiéres, dans le haut comme dans le bas Vivarais, une seule région échappe à ce paysage : la montagne ardéchoise.
Ces terrasses sont donc des aménagements sur les versants des collines, qui rendaient possibles les cultures là où elles ne pouvaient l’être du fait de la déclivité du terrain naturel.
On peut se demander pourquoi les hommes de ces terroirs s’acharnèrent à construire ainsi la montagne ?
Ces terrasses (ou Faïsses en dialecte local) sont avant tout l’œuvre d’une population abondante en quête de surface cultivable pour sa survie; dans des zones géologiques difficiles, retenir une terre rare et précieuse, soumise à l’érosion des pluies violentes, fut la préoccupation majeure des habitants de ces contrées.
Si la technique des terrasses est connue depuis le Néolithique, on peut penser que ce sont les romains qui l’ont introduite sur la façade Est du département (vallée du Rhône).
La première référence apparait au Xème siècle avec la donation d’une Fascia Vinea par un évêque du Puy sur la commune de Nieglas.
En 1464, la commune de Thines mentionne les terrasses sous le vocable de Faissas.
Vers 1600, le célèbre agronome ardéchois «Olivier de Serres» préconise la construction de murailles en pierres sèches pour adoucir la pente …
Mais c’est dans les années 1800 / 1900 que fut construite la majorité des terrasses par une population en pleine expansion démographique.
S’il y eut, au cours d’une dizaine de siècles, plusieurs phases de création et d’abandon de ces moyens de culture, l’abandon progressif de ces faïsses qui démarra depuis 1850, et qui se poursuit encore de nos jours laisse sous nos yeux un patrimoine remarquable se décomposer.
Trois séries de catastrophes agricoles ont provoqué cette dernière phase d’abandon.
En effet, des 1849, la Pébrine, maladie du ver à soie, décime les élevages, première ressource agricole du département. A cela s’ajoutent le mildiou et le phylloxera en 1851 et 1867 qui ravagent la majorité du vignoble, deuxième ressource agricole. Enfin, dès 1875, ce fut au tour de la châtaigneraie qui fut atteinte par l’encre ; peu à peu, l’arbre à pain fut abattu et vendu aux usines de tanin, grosses consommatrices de bois.
A ces trois fléaux s’ajoutent l’attrait pour la ville, la création du chemin de fer qui facilitera l’exode, la première guerre mondiale qui fera une hécatombe dans le département et, enfin, la mécanisation en plaine qui marginalisera le travail à la main sur les terrasses.
Tout cela en un siècle… et nous comprenons mieux pourquoi ce paysage nourricier construit par tant de paysans acharnés a été abandonné ; cette fois à tout jamais ?